« La réalité virtuelle permet de s’extraire de la réalité physique pour changer virtuellement de temps, de lieu et/ou de type d’interaction, et d’interagir avec un environnement simulant la réalité ou interaction avec un monde imaginaire ou symbolique ». Avec un rappel direct à la règle des trois unités (temps, lieu, action), telle est définie la réalité virtuelle en 1995 dans le Traité de la réalité virtuelle. 

Cette technologie s’est ancrée dans notre quotidien en s’immisçant progressivement. Des salles obscures, avec des œuvres cinématographiques telles que Matrix ou Ready Player One, jusqu’à notre propre télévision grâce à la commercialisation des casques VR, la réalité virtuelle est désormais partout. Cependant, elle n’en reste pas moins une technologie de niche à l’opposé de l’ordinateur ou du téléphone portable. 

Les prémices de la réalité virtuelle se dessinent en France en 1938. Cette année-là paraît la série d’essais Le Théâtre et son double, ouvrage d’Antonin Artaud dans lequel il décrit l’art de la scène en employant pour la première fois le terme réalité virtuelle. 

Dans les années 1960, le développement de la réalité virtuelle s’accélère : Morton Heilig crée l’appareil Sensorama, mais avec soixante ans d’avance sur son temps, c’est un échec et la machine ne sera jamais commercialisée. Le premier casque de réalité virtuelle est également créé. Nommé l’Épée de Damoclès et trop encombrant pour être porté, l’appareil n’est pas développé au-delà du laboratoire dans lequel il fût conçu. 

L’année 1992 voit naître le métavers avec le roman Snow Crash de Neal Stephenson. L’auteur y décrit un monde futuriste accessible via l’utilisation d’un casque, un monde dans lequel nous pouvons nous mouvoir et interagir par l’intermédiaire d’avatars. 

Le XXIe siècle est la consécration de la réalité virtuelle : Second Life, Meta et le metaverse , l’arrivée en masse des masques VR, etc. 

Mais cette avidité pour la réalité virtuelle est-elle vouée à perdurer ? 

Une ascension à nuancer 

Alors que la multiplication des écrans ne cesse d’augmenter, nous invitant toujours plus à nous plonger dans une représentation dissemblable de la réalité physique, la réalité virtuelle s’octroie difficilement une place au sein des foyers.

Sa diffusion, freinée vraisemblablement par le coût d’accessibilité et l’usage limité de la technologie peut s’opposer à l’accession par le plus grand nombre. Le prix, parfois conséquent mais allant de pair avec la puissance de l’objet, implique de renouveler son matériel technologique et également son débit internet. À cela s’ajoute un marché essentiellement orienté sur les jeux vidéo, rendant l’expansion fastidieuse. 

De surcroît, en s’immergeant totalement dans une simulation, il est également possible de quantifier les utilisateurs, le temps passé et même les postures les plus habituelles, désanonymisant chacun des participants dans un univers démesuré. En témoigne une expérience menée par l’université de Stanford dans laquelle une intelligence artificielle a pu identifier 95 % des participants en seulement quelques minutes grâce à leur manière de se positionner dans l’espace. De facto, l’utilisation de la réalité virtuelle inhérente à la cybersécurité et à la protection des données, peut aussi représenter une problématique pour certains usagers. 

Pourtant, avec une vision en 360 degrés détruisant les limites que le monde physique peut imposer, nous sommes projetés au cœur de l’action. En devenant le sujet principal, maintes expériences nous sont offertes, exacerbées par cet environnement technologique, là où l’ubiquité prend enfin tout son sens. 

L’attrait du grand public ne s’est certes pas encore dévoilé, mais si la réalité virtuelle ne trouve pas le succès escompté auprès de cette audience, il est certain qu’elle deviendra cruciale pour d’autres secteurs. 

Un essor incontestable 

Occupant une place toujours plus importante, la réalité virtuelle deviendrait un marché de 51 milliards de dollars d’ici 2030. 

Avec une croissance significative, l’appétence pour cette technologie pourrait provenir d’un segment professionnel. 

En effet, 92 % des sociétés ont accéléré leurs investissements dans les métavers depuis la pandémie. Un nombre important de géants du numérique ont dépensé des sommes conséquentes en considérant la réalité virtuelle comme l’outil de demain (Meta, Epic Game ou Microsoft). Ces expériences immersives disposent de nombreux avantages : formations professionnelles, conférences, séminaires, salons, création de simulations dangereuses, entraînements, etc. Différents scénarios peuvent être établis sans que cela ne représente une insécurité pour la vie humaine. 

En virtualisant différents processus, on élargit ainsi les possibilités. Il n’y a aucun doute que cette technologie deviendra indispensable dans un futur proche. Déjà massivement utilisée dans des secteurs comme le médical (Johnson & Johnson), l’aérospatiale (Boeing) ou l’automobile (Audi), la réalité virtuelle est une technologie puissante. 

Les protagonistes du domaine l’ont bien compris en y consacrant les ressources nécessaires pour perfectionner le dispositif. Ils peuvent désormais s’attarder sur le contenu proposé aux utilisateurs afin de proposer des situations réelles : incendie, opération médicale, problème technique. 

La technologie de l'avenir 

Désormais loin des balbutiements de la réalité virtuelle, l’outil se dessine comme la technologie de l’avenir. Indéniablement, elle devrait s’accroître dans les années qui suivent pour se généraliser au sein des foyers, mais également dans des domaines plus techniques. Il semble en effet complexe de trouver un secteur où l’utilisation de la réalité virtuelle ne serait pas intéressante, notamment pour effectuer des simulations que l’homme ne pourrait pas physiquement faire sans risque. Que ce soit la réalité virtuelle, la réalité mixte ou la réalité augmentée, le choix offert aux utilisateurs est assez large pour se prêter à toutes les aspirations humaines. 

L’accessibilité devrait également se développer car les principaux acteurs sont désormais prêts à s’investir réellement dans le secteur, agrandissant le champ des possibles pour les consommateurs et les professionnels. 

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Alors, essor ou déclin ? Il semblerait que des jours heureux se profilent pour la réalité virtuelle.  

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